La campagne se colore de feu, les arbres changent de manteau avant de se déshabiller totalement pour l'hiver, apparaît alors par magie une palette de couleur allant de l'or au rouge pour terminer par le fauve, et lorsque le soleil se lève ou se couche sur cette belle nature, tout semble s'enflammer comme pour donner son dernier souffle de vie....c'est une pure merveille pour le regard, le plus beau des cadeaux, pour le peintre, dont les toiles se revêtent de magnifiques paysages ou sujets pleins de lumière jaune et orange, et pour le poète, ses mots coulent à flots et courent sur le parchemin...
Pourtant ce sont les ultimes soubresauts d'une nature qui va s'endormir et presque s'éteindre à la vie....
Les petits animaux font leurs dernières provisions, on voit de rares écureuils au splendide panache, furtivement sauter au sol sous le noyer, pour aller ramasser son butin, et grimper dans un arbre, pour l'y cacher dans un trou qu'il retrouvera peut être durant l'hiver, car quelque fois c'est si dispersait qu'il n'en récupère pas la moitié.
Mais c'est ainsi qu'apparaît, au Printemps suivant ou l'autre d'après, grâce à tout ce petit monde, de nouvelles vies, par ici, un petit chêne montre aux rayons du soleil le bout de son premier bourgeon , par là, c'est un tout petit châtaignier miniaturisé un court instant, qui nous présente avec fierté ses premières petites feuilles au vert si tendre qu'il en semble fragile....
Mais tout ce monde végétal est venu au monde parce tous ces petits animaux très organisés ont dissimulé toutes ces graines....peut être au dépend de leur vie.... car les sous-sol de la terre sont les gardes manger de tous ces petits êtres...
Dans le ciel, les derniers rassemblements d'oiseaux de toutes sortes, les oies sauvages volent en V avec ce cri typique qui nous fait relever la tête pour les voir passer si bien alignées. Les hirondelles rassemblées sur les fils électriques un peu partout tracent les derniers grands tourbillons, haut dans le ciel, comme pour rappeler à l'ordre les traînardes....Tout ce petit monde pépie, nerveusement, très agité par le départ pour cette grande aventure qu'est la traversée de toutes ces terres, mers et pays pas vraiment inconnus...
Les jours sont bien plus courts, plus humides, le soleil moins chaud, il est temps pour tous ces migrateurs à la destination sans fin, de se remettre en route.
Le vent est là plus souvent, la nature a besoin de lui pour faire son ménage, et la débarrasser de ce manteau de feuilles, devenu trop lourd pour passer l'hiver et s'endormir, la terre, les champs, les routes se trouvent rapidement déguisés d'un magnifique tapis couleur fauve. Son souffle trop fort les déplace d'un côté, les ramène d'un autre, elles voyagent ainsi sur le sol, encore une dernière fois, jusqu'au coup de balai de l'homme...
Dans les sous bois, les champignons poussent, les petits chapeaux des cèpes, des oronges, des chanterelles, comme des morilles, vont pousser fort les mousses qui les cachaient pour apparaître aux yeux des cueilleurs...
Les sangliers viennent encore narguer le paysan en venant défoncer une dernière fois ses champs qui bordent les bois, pour y trouver sa nourriture, il va devoir être moins audacieux, la chasse va s'ouvrir, et s'il ne veut pas avoir chaud aux fesses va devoir se planquer la pauvre bête....
Les marrons tombent, les châtaignes vont commencer, et c'est là un vrai régal qui nous attend.
Tiens une biche s'élance et descend dans la forêt en quelques sauts gracieux, elle en traverse une bonne partie et disparaît du regard qu'elle fuit, un chevreuil pas loin part dans le même sens, quelque chose a dû les effrayer, mais comme ils sont beaux à regarder se déplacer....
Et nous que faisons nous dans tout cela???
Avons nous le respect de cette nature si durement gagné et tellement chérie par ces petits êtres que nous considérons comme "bêtes", le croyez vous vraiment encore? Que pensez vous que nous aurions encore sans eux???